
Le réassureur Munich Re a publié des chiffres sur l’impact des catastrophes naturelles au cours de l’année 2022 et il constate que les catastrophes naturelles ont causé des dommages énormes au niveau mondial. Les estimations provisoires font état d’un montant de 270 milliards de dollars pour l’ensemble des dommages. Les dommages assurés s’élèveraient à environ 120 milliards de dollars. Cette année vient ainsi s’ajouter à la récente série d’années caractérisées par de lourds dommages. Le haut niveau persistant des dommages assurés touche les assureurs à un moment où ils sont également confrontés à une inflation élevée et à une réduction de la base de capital en raison des taux d’intérêt en hausse, tandis que l’impact positif sur les investissements de ces taux d’intérêts plus élevés se fait encore un peu attendre.
Ernst Rauch, Chief Climate Scientist chez Munich Re, attire l’attention sur deux facteurs à prendre en considération dans le cadre de l’analyse des chiffres de 2022. « Tout d’abord, nous sommes confrontés au phénomène La Niña* pour la troisième année consécutive. Ce phénomène augmente le risque d’ouragans en Amérique du Nord, d’inondations en Australie, de sécheresse et de vagues de chaleur en Chine et de pluies de mousson dans certaines régions d’Asie du Sud. Dans le même temps, le changement climatique tend à contribuer à la survenance de conditions météorologiques extrêmes. La conséquence est que les effets de ces deux phénomènes se conjuguent parfois. ».
La catastrophe naturelle la plus coûteuse de 2022 est indéniablement l’ouragan Ian qui a frappé les États-Unis. Il a causé quelque 100 milliards de dollars de dommages, dont 60 milliards de dommages assurés. C’est plus d’un tiers de l’ensemble des dommages causés par des catastrophes naturelles au niveau mondial et près de la moitié de l’ensemble des dommages assurés. La plus grave catastrophe humanitaire - ayant causé la mort de pas moins de 1.700 personnes - fut provoquée par les graves inondations ayant touché le Pakistan à la suite des pluies record tombées durant la période de la mousson. Les dommages directs de ces inondations sont estimés à au moins 15 milliards de dollars, mais pratiquement rien n’était assuré. En Australie, de graves inondations ont entraîné 8,1 milliards de dollars de dommages, dont 4,7 milliards de dommages assurés. L’Europe a souffert de conditions météorologiques estivales extrêmes caractérisées par la canicule et la sécheresse, mais a également été confrontée à des tempêtes hivernales. Ces dernières ont entraîné 5,6 milliards de dollars (5 milliards d’euros) de dommages, dont 4,3 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros) de dommages assurés.
« Le bilan du changement climatique est de plus en plus lourd. Les chiffres relatifs aux catastrophes naturelles survenues en 2022 sont dominés par des événements qui, selon les dernières études, sont plus intenses ou plus fréquents et, dans certains cas, les deux à la fois. Un autre élément alarmant observé à plusieurs reprises est le fait que les catastrophes naturelles touchent particulièrement durement les habitants des pays pauvres. Une priorité plus élevée doit dès lors être accordée à la prévention et à la protection financière, par exemple par le biais de l’assurance », affirme Thomas Blunck, administrateur chez Munich RE.
Publié le 24/01/2023